Jusqu'à la fin des jours
Dans les ornières du temps engluées
les fleurs sauvages louvoient au vent mauvais
de l'ineffable colère aux cieux déchaînés
affres d'abysses abîmées
amères rimes écorchées
de la beauté et du désastre
qui triompha de l'arrogante humanité
affairée à briser toute vie
aveuglée par trop de vanité
énucléé formatée
vidée d'encombrante pensée
ravages d'une Terre
exsangue et accablée
l'ultime déchirement de la nuit éternelle
terrassa les diaboliques âmes en peine
d'un illusoire dessein
gorgées de désir
mortifère et funeste
anthropocène accompli
exit la maligne ennemie
sixième extinction
totale
finale
fin
nuit
immense
silence
aurore natale
calme fracassant
d'une furtive nature
mycelium racines
secrets réseaux de l'ombre
épiant patiemment
l'heure de la résurgence
un sublime végétal
recouvra son essence première
divine incarnation
forces vives
arrimées et armées
sanguines ou blêmies
au souffle crépusculaire
d'une ère printanière
célébrant la florale virginité
d'une nature insurgée
de ses persécuteurs délestée
voraces autophages
à l'aube de l'azur
libres semences
poussières fertiles
d'étoiles lointaines
voleront au au gré
des soupirs
chauds et moites
d'un air lourd si léger
tiges et pistils érigés
tendres pétales dorés
herbes folles parfaites
mousses vertes et moelleuses
glorieuses fleurs rebelles
indociles fougères
discrètes beautés des prés
iront sans crainte tapisser
le sol d'un monde nouveau
d'anarchiques prairies
du linceul délivré
au soleil tiédi
et dureront encore
jusqu'à la fin des jours